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Mémoire d'outre-front

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Message  Amaury De Hautecloque Jeu 21 Juin - 9:48

Mémoires d’outre-front

Les mémoires d’un Homme trouvent leurs sources dans des conflits internes, des réflexions longues qui, à défaut de les évacuer par la confession verbale, s’essaient à les griffer sur le papier, a des fins de thérapie peut être. Vous ne verrez jamais un personnage écrire ses mémoires si tout va bien, si sa vie tel un long fleuve tranquille et ennuyeux est retournée sous terre sans avoir eu a subir les méandres de grandes époques. Ou alors, c’est qu’il n’avait rien de mieux a faire que de partager sa mélancolie du vide. Pour ma part, je puis affirmer sans prétention aucune que je ne suis pas ceux là. D’ailleurs, ce n’est pas moi qui le dit. Quel soldat, homme du rang ou officier, pourrait reconnaître que sa vie eut été une léthargie, un temps qui s’égraine, insipide et sans émoi durant les longues années de guerre ?
D’autres encore rédigent leur biographie a des fins de justifications, pour amenuiser leur faute dans tel ou tel acte, pour excuser leur participation à une horreur personnelle ou collective. Là encore je ne chercherai pas m’excuser. Après tout j’assume mes torts et mes travers ne vous en déplaisent. Je ne sais même pas si j’arriverai a ressentir le moindre remord… Les moments difficiles furent nombreux, les frustrations encore plus et la colère, montante et croissante, m’a asphyxié a tel point que sur le fin, je dois le reconnaître, j’en ai perdu contrôle de moi-même. Pourtant après tout ce que j’avais traversé, c’était bien normal que les nerfs lâchent ! Mais ça, je vous en parlerai plus tard, peut être, si mon peu de pudeur qu’il me reste ne m’en retient pas.
J’ai connu un général, du moins à l’occasion de quelques dîners de campagne et infortunes de guerre, qui écrivait ses mémoires. Il nous arrivait à l’époque de parler la langue de Goethe pour plus d’intimité quand notre entourage se faisait trop ennuyeux ou indiscret. Nous nous laissions a quelques confidences sur le court de la guerre ou le comportement de certains. Chaque soir il consignait sa journée dans un petit journal intime. Je m’en rappelle car je l’avais vu faire une fois, le vent balayait par à-coups sa toile de tente enragée et je l’aperçu entrain de gratter à la lumière d’une bougie. Antoine-Charles-Louis de La Salle qu’il s’appelait. Un homme assez rustre diraient certains, pour moi cela s’apparentait a de l’authenticité. J’avais eu la chance de servir sous ses ordres au 7ème régiment de Hussards, en 1806 durant la campagne de Prusse. Son impétuosité guerrière lui valut une mort au champ d’honneur en 1809. Il était mort en général, mais moi, j’étais bien vivant. Elle a du le pleurer sa marquise. Mais bon, je l’aimais bien ce général.

L’Armée commença très tôt pour moi. Je devais avoir 15 ans a peine quand ma mère m’envoya dans un lycée militaire. Elle n’avait guère le choix en fait. Mon père, un Berlinois pure souche, venait de mourir et ma mère décida de rentrer dans son pays natal, la France. Elle y épousa un vieux Chef d’Escadron de la Garde Royale, assez empâté et serré tel une sardine dans son uniforme d’officier. Mais l’âge avançant elle était devenue moins exigeante. Les rides avaient commencé a creuser son visage et ses dents jaunissaient, alors elle en s’en tirait à bon compte.
En revanche j’étais mal tombé. Ce porc embourgeoisé n’aimait guère mes traits germaniques dû aux origines prussiennes de mon père. Il faut dire que j’avais les cheveux blonds platine, toujours impeccablement coiffés sur le côté. Mes yeux bleus comme la lumière des étoiles et, mon regard surtout, devait l’agacer. Ils sont assez explicites et ils reflètent tant l’empathie que le dédain paraît-il. Parfois même je prenais un malin plaisir a reprendre mon accent de l’est mais je gagnais une bonne paire de gifles. Alors quand mon beau-père m’annonça mon incorporation pour le lycée militaire de Melun, un vent de liberté se propagea en moi. J’échappais ainsi aux tourments de la maison.
Après quelques années d’étude des langues, des codes militaires, d’équitation et des rudiments de la guerre, je sortis en qualité de caporal. J’avais tout juste 18 ans. Nous étions alors en 1795. Comme je vous le disais à l’instant, je parlais donc couramment le Français, l’Allemand, et j’eu le plaisir de m’exercer à l’Anglais durant ma formation. Cette faculté innée pour les langues étrangères m’amena automatiquement à l’intendance du IVème Corps d’Armée à Versailles. Ma mission consistait a lire divers courriers provenant principalement de Berlin, des documents officiels du Saint Empire Romain Germanique. Je devais ensuite les synthétiser, joindre éventuellement des commentaires ou précisions, et les transmettre a mon supérieur hiérarchique. Un travail fastidieux pour un jeune caporal désireux de connaître la volupté de la guerre. J’y mettais néanmoins tout mon savoir et j’accomplissais un résultat précis et clair, très apprécié des officiers. Mais mon destin connu un tournant décisif à peine un an plus tard, en 1796, quand un officier supérieur de l’Armée d’Italie se présenta à l’intendance réclamer un interprète…
Amaury De Hautecloque
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